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Marottes kébé-kébé

Les plus célèbres marionnettes du Congo-Brazzaville

Extrait de toile « les masques kebe kebe », par Jacques Iloki


Le kébé-kébé désigne une société initiatique et une danse tantôt rituelle, tantôt festive, dotée d’une forte signature identitaire et culturelle, originaire du nord du Congo, dans le département de la Cuvette vers Owando mais que l’on retrouve aussi à l’est du Gabon et l’ouest de la République Démocratique du Congo.


Le danseur kébé-kébé est entièrement caché sous une volumineuse toile recouverte de raphia, de plumes d’oiseaux et tourne sur lui-même à une allure impressionnante, au rythme de musiques et percussions traditionnelles. Puis arrive ce moment où il exhibe la marotte accrochée au bout d’un long manche.


Les marottes kébé-kébé sont en bois polychrome, les plus anciennes sont sculptées et décorées avec des pigments naturels minéraux ou végétaux. Ces têtes massues représentent des visages avec un travail pointilleux sur les scarifications, les dents limées et le cou-collier.

En 1983, ces sculptures ont été classées par les professionnels du marché de l’art en prenant pour critères les coiffes et la forme du manche, ainsi trois catégories ont été créées : le style I, II et III. Les marottes utilisées par les danseurs kébé-kébé sont de style III, et le folklore entourant le kébé-kébé n’est pas étranger au succès de ces têtes sculptées auprès des amateurs et collectionneurs d’art africain.


Au fil du temps et des migrations des populations, les marottes kébé-kébé ont évolué en s’éloignant parfois de leur rôle initial en lien avec la cosmogonie, les rites, la tradition. Par ailleurs, les marottes ne sont pas les mêmes selon les circonstances puisque certaines danses kébé-kébé sont exécutées comme un divertissement, d’autres comme une compétition entre danseurs de différents villages ou d’autres encore pour des cérémonies.


Les têtes sculptées contemporaines sont marquées par l’histoire du Congo, ainsi l’on peut trouver des marottes représentant  Pierre Savorgnan de Brazza, Charles de Gaulle ou Marien Ngouabi. 
Le glissement vers un kébé-kébé de divertissement, plus théâtral, explique l’apparition de marottes en rupture avec les spécimen les plus anciens. Toutefois, c’est justement par sa dimension grand public que la marotte kébé-kébé de style III se pérennise, contrairement aux têtes sculptées de style I et II.


Source : La découverte différée des objets kuyu, par Anne-Marie Bénézech