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Le masque kidumu

Un masque aux multiples symboles

Masque Kidumu au Musée du quai Branly, ancienne collection de Victor Babet


Entre le bassin du fleuve Congo au nord et le bassin côtier au sud, les plateaux Batéké représentent un relief intermédiaire qui traverse le Congo-Brazzaville jusqu’à la province du Haut-Ogooué au Gabon, d’une part, et Kinshasa en République Démocratique du Congo, d’autre part. 


Ainsi, les masques Téké (ou Batéké au pluriel) sont présents dans ces trois pays. Le masque Kidumu est lié au groupe Téké Tsaye ou Tsa(a)yi des plateaux Batéké, il est porté par un danseur lors de cérémonies importantes où il fait la roue et fait tournoyer le masque qu’il saisit par les dents.


Le masque Kidumu est un masque facial en bois orné à l’origine de pigments naturels, sa forme est circulaire. Il est partagé en deux demi-sphères suivant une ligne médiane au tracé épais, une demi-sphère surplombe l’autre. Le pourtour du masque est percé de nombreux orifices permettant de fixer des plumes et des fibres de raphia, deux fentes sont dissimulées au niveau de la ligne médiane. 


Les motifs très graphiques représentent, selon le témoignage rapporté par l’anthropologue Marie Claude Dupré, le visage d’un personnage mystérieux des forêts : il y a les yeux, le nez, la bouche, les oreilles ainsi que des scarifications avec, pour les symboles restants, d’autres niveaux de lecture que seules les personnes initiées savent traduire. Le masque présente aussi de part et d’autre de sa ligne médiane des motifs androgynes.


Le plus ancien masque de danseur Kidumu actuellement connu aurait été confectionné vers 1860. Plus un masque Kidumu est ancien et a servi à un danseur Kidumu, plus il est intéressant au sens où son graphisme relate une sorte d’histoire originelle avec des motifs fondateurs.
Au fil du temps et de la diffusion géographique, les motifs du masque ont évolué. A présent certains masques servent aux danseurs Kidumu tandis que d’autres sont destinés aux touristes.

On trouve dans les musées des masques ayant appartenu à des collectionneurs d’art africain renommés, ce qui permet de retracer leur provenance et de les situer dans le temps : un modèle de l’ancienne collection de l’artiste peintre André Derain est exposé au Musée Barbier-Mueller de Genève, un autre réalisé à Lékana au Congo-Brazzaville pour le géologue Victor Babet est présenté au public au Musée du quai Branly à Paris.


Source : L’invention de Kidumu chez les Téké tsayi au XIXe siècle (République du Congo), par Marie Claude Dupré.