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L’épopée des biens culturels

Parcours des bois et métaux sculptés devenus œuvres d’art

Exposition ‘Fleuve Congo, Arts d’Afrique Centrale’


Avant le 20ème siècle, les métaux, ivoires ou bois sculptés ayant quitté le continent vers l’occident avaient tout au plus un intérêt scientifique d’ordre anthropologique, ethnographique.

Au début du 20ème siècle, l’élite commence a apprécier ces créations sous un angle artistique et a les promouvoir comme des objets d’art extra-occidentaux.

Guillaume Apollinaire, artiste, critique et théoricien d’art, dira en 1909, « Le Louvre devrait recueillir certains chefs-d’œuvre exotiques dont l’aspect n’est pas moins émouvant que celui des beaux spécimens de la statuaire occidentale ». De son goût pour les arts lointains naît une collection privée où figurent notamment des sculptures telles que les marottes kuyu des danses kyebe-kyebe du Congo-Brazzaville. Il nouera des amitiés solides et durables avec d’autres amateurs d’arts d’Afrique, Picasso et Paul Guillaume.

Pablo Picasso puisera dans les arts d’Afrique une partie de l’inspiration qui a permis l’émergence du mouvement cubiste, ainsi certains voient dans l’un des ‘visages masques’ de la célèbre toile ‘Les Demoiselles d’Avignon‘ 1907, un emprunt au masque Etoumbi du Congo-Brazzaville.

Paul Guillaume, collectionneur et marchand d’art, sera le premier à exposer les sculptures d’Afrique avant même d’ouvrir sa toute première galerie en 1914 et contribuera vivement à la reconnaissance de ces arts lointains, à Paris, en exposant concomitamment des toiles d’artistes d’avant-garde et des objets d’art africain, mais aussi par des collaborations à New York ou à Philadelphie.

Peu à peu, dans certains milieux, en Europe comme en Amérique, collectionner des objets d’art d’Afrique devient à la mode et l’on est happé par le charme de ces créations curieuses, magnétiques et aux proportions peu réalistes. Des règles internationales seront posées afin de protéger ces biens culturels des abus du marché de l’art.

Aux Etats-Unis, on retrouve les ‘visages masques’ dans l’œuvre de Jean-Michel Basquiat, figure iconique de l’art contemporain. Durant sa fulgurante carrière artistique, dans les années 1980, il mêle des influences puisées dans les arts d’Afrique, masques traditionnels, griots, fétiches, au néo-expressionnisme, et le résultat est percutant. 

Le musée privé parisien Dapper devient dès sa création en 1986, une référence en matière d’art africain. C’est avec sa dernière exposition ‘chefs-d’œuvre d’Afrique‘ qu’il fermera ses portes en 2017. La fondation Dapper subsiste et organise des expositions itinérantes, des prêts de pièces de sa conséquente collection et l’édition de livres.

Dans les années 1990, le marchand d’art et féru d’art africain, Jacques Kerchache, ambitionne de faire entrer les ‘arts premiers’ au musée du Louvre. Ses initiatives dans ce sens ont trouvé un échos favorable auprès du maire de Paris, Jacques Chirac, qui une fois devenu chef d’Etat en 1995, permet la mise en place d’un département dit des ‘arts premiers’ (Arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques) au Louvre, puis la construction du musée du quai Branly, inauguré en 2006.

En 2010, les Arts d’Afrique Centrale sont à l’honneur dans l’exposition ‘Fleuve Congo’. D’abord présentée à Paris, au musée du quai Branly, puis les années suivantes à Singapour, Shangaï, Séoul, Mexico et Moscou en 2016.

Les œuvres majeures de l’art africain ancien se trouvent en occident, alors la question de la restitution de ce patrimoine culturel aux pays d’origine est mise en débat de façon récurrente car les experts reconnaissent que les œuvres les plus estimées sont, pour la plupart, des butins de guerre ou ont été acquises durant l’époque coloniale.