Sapeurs du Congo, tout un univers

Découvrir les codes du monde de la Sape

Comment comprendre l’univers si particulier des sapeurs lorsqu’on ne l’est pas soi-même ?

La première impression est celle d’un surinvestissement dans l’apparence et le vêtement ; le mix and match des imprimés, des couleurs, des matières ; le culte de soi-même. Les adeptes de la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes) assument totalement leur audace vestimentaire : dans le monde des sapeurs, l’apprêtement est une question de dignité. 

Leur inspiration est en partie puisée dans le dandysme du 19-ème siècle, au sens d’une attitude esthétique et morale tournée vers l’élégance.

Les sapeurs sont le plus souvent présents dans les expositions et ouvrages photographiques ou invités dans les médias pour leur verve et leur spectaculaire impact visuel, ils jouent le jeu en échange de la visibilité qui leur est offerte.

Finalement, ce sont les historiens, sociologues et chercheurs qui nous éclairent sur ce qu’est la sapologie. Le sociologue Justin Daniel Gandoulou publie en 1984, Entre Paris et Bacongo, une fine analyse du parcours initiatique du sapeur effectuant le fameux « aller-retour » entre Brazza et Paname afin de constituer sa « gamme ».

Un sapeur se doit d’observer un comportement exemplaire en ce qui concerne son apparence toujours soignée et son attitude envers autrui, notamment en matière de courtoisie, de respect des aînés…

L’apparente fantaisie que l’on a toujours perçue comme un phénomène éphémère semble durer dans le temps et fournir suffisamment de matière aux observateurs pour élaborer un Dictionnaire de la SAPE signé Elvis Guérite Makouezi.

Dictionnaire de la SAPE est plus qu’un lexique du vocable des sapeurs. La sapologie y est présentée de manière plus complète par son histoire, ses codes, son jargon, son système de valeurs, ses plus célèbres adeptes…

« Je n’ai jamais vraiment été intéressé par la mode ni par sa frivolité. Ce qui m’amena au monde fascinant de la Sape, dès mon premier voyage à Brazzaville en 2003, ce fut autre chose. Le but était de soutenir les photographes locaux afin qu’ils puissent développer une photographie d’auteur, plus personnelle et, en même temps, devenir plus familiers des dynamiques internationales du secteur de l’audiovisuel. 

(…) J’ai commencé des recherches et j’ai découvert que la Sape est un phénomène typiquement congolais, très riche d’un point de vue sociologique et anthropologique. Les essais de Justin-Daniel Gandoulou Dandies à Bacongo et Au cœur de la Sape, publiés à la fin des années 1980, ont été essentiels pour commencer ce projet documentaire que j’ai terminé en 2010 à Paris. »

 Extrait de S.A.P.E, par Hector Mediavilla – premier ouvrage monographique consacré aux sapeurs.